De la difficulté d’innover

Alors que seulement 17% de l’amiante auraient été retirés des bâtiments depuis 1997, les évolutions réglementaires boostent le marché de son retrait, tandis que s’élaborent des solutions alternatives à son enfouissement.

Ces marchés n’en demeurent pas moins des marchés de niche selon leurs acteurs, qui pointent des retours sur investissements difficiles à appréhender aussi bien en repérage, en retrait qu’en traitement des déchets. Ils évoquent également le poids de la réglementation – laquelle est d’ailleurs en pleine évolution.

Directrice des Opérations au Syndicat des professionnels du retrait et traitement de l’amiante (Syrta), Isabelle Vio, observe que les concepteurs de matériels techniques « ne font pas de R&D très poussée, alors que les produits amiantés qui sont retirés à l’heure actuelle ne sont plus les mêmes qu’il y a 10 ans : les flocages amiantés ont par exemple quasiment disparu, au bénéfice de produits plus difficiles à identifier ».

Dès lors, les pouvoirs publics ont cherché à encourager l’innovation. Le plan de recherche et développement amiante (PRDA), lancé en juin 2015 par le ministère en charge du logement, avait pour objectif de faire émerger des idées novatrices afin de mener plus vite et à moindre coût, l’ensemble des interventions concernant l’amiante.

Le Plan s’est clôturé fin 2021 sur un bilan mitigé : «  Sur la forme, le PRDA a eu le double mérite de faire se rencontrer les différents acteurs et de sortir l’amiante d’une zone d’ombre  ; mais sur le fond, il a amené assez peu d’innovations sur les sujets fondamentaux de l’automatisation des opérations de retrait et d’élimination des déchets » estime ainsi Isabelle Vio (Syrta). La Commission d’évaluation des innovations techniques (Cevalia) qui était attachée au PRDA a toutefois délivré une vingtaine d’avis sur diverses innovations : logiciels de gestion des diagnostics techniques amiante, équipements de protection individuelle, conditionnement de déchets, etc.

Le plan a par ailleurs cofinancé certains projets inattendus, comme la définition de règles techniques en sous-section 3 (travaux de retrait ou d’encapsulage). Le Syrta et le syndicat des entreprises de déconstruction, dépollution et recyclage (SEDDRe) ont d’ailleurs présenté les 12 premières règles techniques issues de ce chantier à l’occasion du Salon des Professionnels de l’Amiante organisé en septembre dernier.

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